Entrevue menée par Sacrée Planète

Sacrée Planète : Marie Johanne, ce nouveau livre que vous venez de faire paraître nous révèle un autre aspect non seulement de votre travail mais aussi de votre personnalité. Avec « Ces âmes qui nous quittent » vous nous amenez bien loin du monde elfique qui vous est cher. Vous nous conduisez une fois de plus dans l’Invisible mais auprès d’âmes humaines dont le passage dans ce qu’on nomme l’Au-delà a été difficile…

Sacrée Planète :
Comment vous y prenez-vous pour entrer en contact avec ces âmes ?

Marie-Johanne Croteau Meurois :
Pour moi c’est tout simple même si, pour certains, la nature de ma façon de faire peut sembler étrange voire même invraisemblable. J’ai longtemps refusé de révéler ce côté de ma personne car communiquer avec ceux qu’on appelle des défunts me plaçait en situation de fragilité. Je ne pouvais cependant pas nier indéfiniment ma capacité à contacter l’Invisible puisqu’elle fait partie intégrante de mon être et que je suis constamment sollicitée par des âmes en souffrance ou en difficulté de Passage… Elles me demandent de l’aide.
De quelle façon est-ce que je m’y prends? Par ma capacité naturelle à me décorporer depuis ma petite enfance… C’est donc par la projection de ma conscience hors de mon corps que je parviens à passer la Grande Porte dans les deux sens. J’en reviens vivante, chargée d’informations et le cœur empli de conversations avec des âmes souffrantes qui m’ont confié leurs peines et leurs colères. En conversant avec elles, en les approchant, je peux leur proposer des réponses, une consolation, puis enfin amorcer en elles l’envie d’avancer vers la Lumière… L’envie… c’est ce qui est primordial.
Je voyage ‘’hors corps’’ de façon aussi aisée que de d’inspirer et d’expirer… aussi facilement qu’un simple battement de cil s’accomplit de lui-même. Je n’ai pas de méthode de décorporation particulière à communiquer car, dans mon cas, c’est une faculté innée et non pas le résultat d’une technique. Il me suffit de penser à une personne, à une âme en particulier, et enfin de trouver intérieurement ses yeux pour me projeter à ses côtés.
Dans mon travail d’aide, il y aussi des âmes qui viennent me voir de façon relativement concrète… Je veux dire par là que je les vois comme si elles étaient incarnées. Ces âmes viennent à moi dans ma maison, me touchent, pleurent et m’interpellent. Selon les cas, elles viennent à moi ou je vais à elles en réponse à un appel. Je ne force jamais un contact. Je ne le décide pas… Il s’impose.

SP : Vous considérez-vous comme une médium ?

MJ : Pour arriver à répondre à cette question, il faudrait d’abord savoir déterminer ce qu’est une ou un médium car il s’agit d’un terme utilisé dans toute une panoplie de circonstances. Par exemple, aujourd’hui, certains médiums préfèrent l’appellation de ‘’chaman‘’, plus en vogue. Pour en revenir à la médiumnité, je ne suis pas de ces personnes qui proposent des consultations rémunérées en étalant des cartes devant elles, ni en offrant des séances proches du spiritisme pour entrer en contact avec le défunt d’une famille en quête d’un contact avec ses morts… Je respecte ces personnes et leur don, il en est d’excellentes. Il ne s’agit donc pas d’un jugement, je fais simplement une nuance entre leurs façons de faire et la mienne.
Personnellement, je suis convaincue qu’il ne faut pas ‘’déranger’’ les âmes en transit vers le monde qui doit être le leur dans l’Au-delà en les rappelant constamment au monde de la Terre. Il y a beaucoup de pièges dans ce genre d’appel forcé… autant pour l’appelant que pour le demandeur. J’ai pu constater que ce type de travail attire souvent des présences aux très basses vibrations qui demeurent en état d’errance et qu’il est vraiment difficile de les aider par des sortes de ‘’convocations’’.

Les âmes défuntes à la Terre ont une autre naissance à vivre ‘’de l’autre côté du rideau’’ car la vie s’y poursuit, d’une façon plus éthérée certes, mais toute aussi puissante et sensible. Ne l’oublions pas, les âmes ont besoin de se détacher de leur dernière personnalité de chair pour poursuivre leur chemin de croissance… Cela n’empêche pas, bien sûr, que des êtres décédés puissent dans certains cas demeurer quelque temps proches des familles qu’elles viennent de quitter comme pour les protéger. Mais j’ai constaté que c’est plutôt rare… et non pas une généralité.
Pour continuer à répondre à votre question plus précisément, je dirai que pour moi la projection de la conscience en dehors du corps n’est pas à proprement parler un phénomène de médiumnité; elle permet de franchir les seuils d’autres mondes de façon active. La médiumnité est plutôt un phénomène de ‘’réceptivité’’. Les médiums ou chamanes sont dotés d’une particularité physique : l’Éther dans lequel baigne le cosmos est en surabondance chez eux et les rends ouverts à toutes les perceptions possibles, des plus subtiles aux plus denses.
Je regrette souvent qu’un certain nombre d’entre eux, insuffisamment préparés, ne parviennent à s’adresser qu’aux sphères inférieures de l’Astral et demeurent passifs, peu conscients de leur responsabilité. Fort heureusement, il en est d’autres – peut-être plus rares – qui contactent les mondes supérieurs de l’Après-vie et de l’univers spirituel… Ce sont ces derniers qui se mettent vraiment au service des âmes en transit vers les Demeures de l’Au-delà et qu’on peut légitimement appeler Passeurs. La réceptivité de base qui fait de tels médiums devient alors une force émissive qui leur permettent de guider des âmes en souffrance vers une guérison, la Lumière et leur propre Devachan, autrement dit leur ‘’paradis’’ personnel, à la mesure de leurs aspirations

En ce qui me concerne, de par ma sensibilité, je parviens à voyager ‘’hors corps’’ dans de multiples plans, jusqu’à avoir certains accès aux mémoires akashiques. Cela m’aide beaucoup dans ma tâche de ‘’passeuse d’âmes’’. Alors oui, on peut dire que je suis médium mais j’utilise cette particularité de façon non classique. Je suis une Passeuse et une médium et de façon sans doute plus incarnée que la moyenne. Par ailleurs, je pratique aussi les thérapies énergétiques sur les ‘’vivants’’ comme une continuité de ma médiumnité.

SP : Comment vous approchent les âmes que vous aidez ?

MJ : Comme je l’ai dit précédemment, elles viennent spontanément à moi, soit durant mon sommeil, soit dans mes méditations ou encore de façon impromptue dans certains lieux où je me trouve. Lorsque je les perçois avec leurs attentes, je vais à elles mais toujours dans le but de les aider car je suis sensible au désarroi qui est presque toujours le leur. Parfois l’âme en souffrance vient me voir comme si elle m’avait ‘’devinée’’, parfois sa famille me demande de l’aide pour elle si elle a des raisons de croire que l’âme de son disparu est encore en errance à cause de certaines manifestations dans son domicile. Il arrive aussi que ce soit des Guides de l’Au-delà qui me les confient, sans doute parce que leur souffrance est encore très enracinée dans notre monde…

SP : Pourquoi avoir choisi, dans votre livre, de parler des personnes dont la mort a été difficile, voire dramatique dans certains cas ?

MJ : Eh bien, tout simplement parce que ce sont elles qui précisément ont le plus besoin d’aide ! Le tourment et le désarroi ne laissent pas indifférents. Il faut penser aussi aux familles de ces êtres; elles demeurent souvent sous le choc d’une mort qu’elles n’ont pas vu venir et à laquelle personne, pas même le défunt, n’était préparé. D’où les questionnements et les errances qui en découlent des deux côtés du ‘’rideau’’ et qui sont extrêmement pénibles pour tous. C’est l’ignorance qui crée la souffrance.
À tort, beaucoup croient que lorsque nous mourons tout s’éclaire et que nous passons immédiatement dans la Lumière. Cela peut être vrai, bien sûr, mais ce n’est pas systématique. Si le concept d’une ‘’vie après la vie’’ n’existe pas en nous avant notre mort, il n’existera pas nécessairement davantage après. Cela peut alors être une sorte de vide ou la perception d’un monde dense, fermé et parfois glauque… On meurt en emportant nos croyances, nos questionnements, nos bons côtés comme nos moins bons. On apporte avec nous dans le Grand passage nos ‘’bagages intérieurs’’ les plus secrets, des plus légers aux plus lourds… surtout si on part la conscience chargée ou dans le déni de certaines choses. Si on meurt en état de colère, nous nous retrouvons de l’autre côté exactement dans le même état. La mort de notre corps de chair n’est ni la mort de nos émotions ni celle de notre personnalité. Si une âme n’a envisagé rien d’autre que le néant pendant son existence, elle reconstruira donc, du moins pour un temps, ce néant, ce vide auquel elle aura cru.
Si, par exemple, un être qui se suicide espère retrouver après son décès, une sorte de vide libérateur ou une forme de silence apaisant qui lui enlèvera enfin toutes ses souffrances, il se méprend. C’est hélas loin d’être le cas et c’est d’ailleurs là où le Passeur a tout son rôle à jouer. Il est important de parler du suicide et de relater des cas ainsi que j’ai tenu à le faire car de plus en plus de jeunes gens et même des enfants, s’enlèvent actuellement la vie, croyant avoir trouvé l’issue à un poids ou à un secret trop lourds. Le suicide n’est pas un échappatoire. C’est en disant les choses, en informant avec compassion, que l’on peut aider réellement.

Les suicidés se retrouvent dans les plans de l’astral inférieur, ils s’enferment eux-mêmes, sans s’en apercevoir, dans le même ‘’cocon’’ douloureux que celui de leurs derniers instants et ils devront apprendre à accepter de regarder ‘’là’’ où cela leur a fait trop mal. Ils auront souvent besoin d’une aide pour en comprendre tous les ‘’pourquoi’’ et ensuite s’ouvrir à la lumière d’un espoir puis d’une guérison libératrice. Ce n’est qu’ensuite qu’ils parviendront à avancer vers d’autres plans d’existence supérieurs… car ces plans, ces espaces existent pour toutes les âmes, sans exception.

À propos de l’astral inférieur, en possible encadré :
« C’est une zone de ‘’non être’’… Un espace sombre où l’âme se trouve confrontée à ses propres peurs et réalités de bas niveau. C’est parfois aussi une zone de semi-conscience voire de sommeil. Des Guides de lumières y œuvrent pour stimuler et apaiser ce qui peut l’être… » Extrait de ’’Ces âmes qui nous quittent’’.

SP : Dans votre livre vous évoquez le cas d’un suicide mais vous parlez également d’un homicide et d’un accident… Vous êtes là confrontée à des épisodes d’accompa-gnement particulièrement émouvants.

MJ : Oui, dans des cas comme ceux-là et aussi parfois dans ceux qui résultent de longues maladies, j’ai constaté que le corps de lumière du défunt avait besoin d’un temps de repos et de sommeil plutôt que d’être immédiatement appelé à comprendre qu’il continue à vivre. Il arrive en effet que la conscience du décédé se persuade que son organisme est encore endommagé. Cela se produit analogiquement dans des cas de prises de drogues dures ou d’alcoolisme. C’est là où il me faut aussi intervenir en tant que Passeuse pour éviter un refus de Lumière. Les âmes qui sont engluées dans un tel ‘’déficit d’espoir’’ trainent alors souvent dans ce qu’on appelle classiquement l’Astral inférieur ou, si on préfère, le Purgatoire des Chrétiens. Il existe bien sûr autant de ‘’purgatoires’’ que d’espaces de sensibilités d’âmes puisque chacun d’eux est une sorte de projection de ce qui les caractérise…
Dans tous les cas de figure, au moment précis où l’âme souffrante accepte une aide, elle pourra être prise en charge jusqu’à un certain point par les Passeurs puis les Guides de lumière. Elle sera alors invitée à séjourner sur divers paliers de transition en fonction de son niveau de compréhension avant de pouvoir progresser vers des univers plus lumineux… ceux auxquels on peut donner le nom de Devachan. Ces mondes correspondent au fameux Paradis et ils prennent forme aussi à partir du degré d’ouverture de chaque conscience. On ne peut pas parler d’un temps défini pour parcourir ces paliers car chaque âme y va à son propre rythme, le temps n’existant pas de l’autre côté. Je ne fais que suggérer ces mondes dans mon témoignage car, à leur niveau, mon travail d’aide est terminé.

Pour ce qui est de l’Enfer, je ne l’évoque que très peu car il n’est rien de plus qu’une bulle hologrammique momentanée créée par une âme, une bulle plus obscure que toutes celles du Purgatoire. L’Enfer n’existe pas en lui-même. C’est une sorte de cachot virtuel dans lequel une conscience s’enferme à son propre insu par la bassesse de ce qu’elle a laissé s’infiltrer en elle. Cet espace n’est pas éternel… la Lumière finit par s’y infiltrer et inviter les âmes en souffrance à entrer dans un espace plus léger afin d’y poursuivre un chemin d’espoir et de reconstruction. Le travail du Passeur est aussi d’éviter qu’un être, par manque d’espoir et par excès d’attachement à la matière, ne finisse par se laisser piéger dans sa bulle illusoire.

SP : Votre livre est pourtant très agréable à lire et n’évoque rien de sombre malgré certaines des situations évoquées. Comment expliquez-vous cela ?

MJ : Entre Lumière et ombre, tout est très relatif, surtout dans un domaine aussi tabou et méconnu que celui de la mort. Non, mon livre n’est aucunement sombre, au contraire… Peut-être parce que mes récits sont issus de véritables histoires et que je les ai par conséquent relatés avec un infini respect pour ceux qui en constituent le cœur puisqu’ils ont quitté cette Terre souvent trop brusquement et qu’ils m’ont fait précisément la demande d’un témoignage pour leur famille.
C’est certainement aussi parce que, dans cet ouvrage, je ne souhaite pas convaincre à tout prix, ni ‘’impressionner’’… J’y offre simplement certains extraits de témoignages que j’ai soigneusement sélectionnés parmi beaucoup autres en pressentant en mon âme et conscience que leur récits aideraient à guérir un grand nombre d’incompréhensions chez les proches de ceux qui sont partis douloureusement… J’ai pensé qu’avec un tel but et une telle disposition d’esprit, je pourrais semer de l’espoir et rendre justice à la mémoire des défunts au-delà des préjugés et du temps. Ces expériences compassionnelles auprès de celles et ceux qui nous ont quittés constitue l’un de mes engagements de Service aux humains.

SP : Y-a-t-il un cas qui vous a touché plus qu’un autre parmi tous ceux que vous relatez ?

MJ : Ils m’ont tous touchée car les âmes dont je parle m’ont appris à aller encore plus loin encore dans le mieux aimer et la tendresse guérissante. Mais le vécu qui a été, selon moi, le plus émouvant car le plus près de mon cœur fût celui des ‘’deux morts’’ de mon père. Il n’est pas inclus dans Ces âmes qui nous quittent. Son récit faisait initialement partie du livre mais je l’en ai finalement retiré car je l’ai trouvé trop intime. Ce chapitre restera pour ma famille proche… A priori, je me disais que c’était dommage car il contenait tellement d’informations… mais, je me devais de préserver le plus possible ces moments intenses avec mon père, avec son âme…
Mon père a vécu une première et brève EMI… Lors de celle-ci je suis allée le chercher de l’autre côté devant des témoins et des médecins aux soins intensifs. À son retour parmi nous, Papa s’en souvenait et le répétait à ma famille, en pleurant, lui qui ne pleurait jamais. Il est parti une deuxième fois, définitivement, six mois plus tard et après de beaux échanges sur l’Au-delà avec mon époux Daniel et moi. Il n’avait presque plus peur, je dis ‘’presque’’ parce que souffrir n’est jamais agréable. Cependant, il avait apprivoisé sa mort inévitable et la compréhension de ‘’sa’’ renaissance en un autre monde… Bien sûr, notre douleur à tous a été forte de le voir nous quitter. Je l’ai bercé dans son Passage mais depuis, de Là-haut, il m’aide… Il se manifeste parfois à mon côté pour réconforter des âmes souffrantes et en errance. Je crois qu’il a choisi d’être un Guide dans l’Au-delà car il lui arrive de me présenter des âmes égarées et qui ne veulent pas entendre… Papa connaît ma façon de faire en ce domaine.

SP : Pensez-vous qu’il était important voire urgent de témoigner de tout cela ?

MJ : Oui, surtout dans note société occidentale moderne parce que l’humain ne sait plus mourir depuis qu’il a perdu tout contact avec le sens sacré de la vie… Il a globalement perdu foi en l’essentiel. La mort nous attend tous et ce n’est pas le fait de refuser d’en parler qui l’éloignera. Son ‘’Après’’, pourtant aussi réel que notre ‘’Maintenant’’, notre société le refuse comme si le fait de simplement l’évoquer allait nous porter malheur… ou que la mort était contagieuse par la seule prononciation de son nom.
Je regrette d’avoir à le dire, mais c’est vivant que l’on se prépare à mourir… et la mort à la Terre est toute aussi naturelle et normale que la naissance, l’arrivée d’un bébé parmi nous. Comment agit-on dans les moments où une naissance s’annonce ? On l’accueille dès le début, on s’y prépare tellement à l’avance… et dans la Joie ! Alors pourquoi pas agir de même autant que c’est possible dans l’autre sens ? N’oublions pas que celui qui meurt à la Terre, renaît de l’autre côté et est attendu par une famille également. Sa famille d’âmes d’En-haut. La mort est juste le franchissement d’une porte, le chemin naturel et inévitable de tout ce qui vit… Personne n’y échappe. La vie est un voyage parfois court parfois plus long mais il demeure un voyage initiatique. Notre respon-sabilité est de rendre son parcours le plus beau possible.
Avant de parvenir au seuil de son départ, chacun devrait donc apprendre à franchir les barrières ou faire face aux paramètres que lui ont élevés sa culture, sa croyance religieuse ou son athéisme. Plus le niveau de conscience est élevé face à la mort plus la transition est facile. Alors… oui c’est urgent ! Parlons-en ! En réalité, on n’en parle jamais assez de façon ouverte et libre, sans crainte. Malgré tous les livres qui paraissent sur les sujets du ‘’bien mourir’’, de l’accompagnement en fin de vie, des récits d’EMI et des quêtes de preuves de l’Après-vie, la mort demeure toujours paradoxalement un sujet tabou dans notre société occidentale. Un sujet vaste et incompris…

SP : Effectivement, en ces années où il est de plus en plus question de l’accom-pagnement des mourants, le terme ‘’passeur d’âmes’’ est de plus en plus utilisé. En résumé, comment pourriez- le définir ?

MJ : J’espère déjà l’avoir fait comprendre mais cela me donne l’occasion de rebondir et de préciser une telle appellation qui, me semble-t-il est assez facilement galvaudée. Personnellement, je suis Passeuse parce que je ne m’arrête pas à ma médiumnité… Je ne m’attache pas particulièrement à dire « oui» à quelqu’un en lui affirmant : « Votre défunt est bien vivant, il m’a donné un signe, un message pour vous ou encore il me montre tel bijou que vous connaissez puis il me parle de ceci et de cela… » Non, résolument, non, je ne m’attache pas particulièrement à donner des preuves de la survie de celui qui est parti mais j’ai plutôt à cœur d’aider celui-ci à faire sa route, à trouver son chemin s’il est en souffrance, en colère, ou dans l’incompréhension de ce qui lui est arrivé. Pour le Passeur d’âmes, l’aide à offrir ne s’arrête pas à partir de l’instant où le cœur cesse de battre. Elle se prolonge bien au-delà et on ne s’attarde pas spécialement à en ramener des preuves de survie.
Il y a actuellement une grande médium qui ‘’parle avec les morts’’ mais qui hélas s’en tient essentiellement à donner une description de l’endroit où elle voit le défunt, à dire qu’il ‘’va bien’’, à transmettre ses éventuelles blagues, ce qu’il fait et qu’il prolonge ses activités terrestres d’autrefois, etc… Tout cela sans aller vraiment plus loin et c’est dommage. Je me suis déjà rendue à l’un de ses ‘’spectacles-prestations’’ présentés à travers le monde afin que des personnes de son public puissent ‘’parler à leurs morts’’ dans des salles pleines à craquer. Nul doute, cette méduim est ‘’magique’’, impressionnante et je l’apprécie… Croyez-moi.
Quelques-personnes sont désignées dans chaque salle selon l’âme du défunt qui se présente à elle sur scène, dans l’instant, et qu’elle choisit de sélectionner plus qu’une autre . Cela se passe avec humour, ça se bouscule sur scène et les âmes se poussent les unes les autres pour prendre la parole et s’adresser à leurs proches assis dans la salle. Les élus repartent évidemment heureux et émus d’avoir eu ainsi, en public et en direct, des ‘’nouvelles’’ de leur défunt. Cela peut-être touchant et c’est forcément interpelant. Le premier problème est cependant que, dans la salle, sur la scène, dans les allées et tout autour du public assis, mon époux et moi nous avons observé lors d’une de ces ‘’prestations’’ des cinquantaines d’âmes qui attendaient ‘’leur tour’’ pour parler à leur famille… Un ‘’spectacle’’ très triste à contempler. Un bien étrange défilé avec ses frustrations et ses incompréhensions… Après la soirée, que fait-on alors avec une telle file d’attente ?
Il faut que les personnes qui assistent – souvent avec curiosité – à ce genre de déploiement sous forme de spectacle prennent conscience qu’ouvrir des Portes pour faire venir une ou deux âmes décédées en attire forcément d’autres, en nombre, avec leurs attentes et qui souhaitent, elles aussi, être entendues car elles ont besoin de partage et parfois d’aide. Alors, comprenons qu’on ne joue pas impunément avec ces Portes-là. Parfois même, il n’y a pas que des esprits bienveillants qui souhaitent établir un contact… Quant aux âmes non ‘’sélectionnées’’, c’est pour elles une peine, un rejet de plus. Je suis certaine que cette médium doit, par la suite, se livrer à un grand travail pour retourner ces âmes vers des espaces paisibles, enfin je l’espère… J’ose croire qu’elle en est bien consciente et n’est pas simplement l’instrument d’une énorme machine à sensations fortes.
L’Invisible et l’Au-delà attirent, intriguent… Mais on ne joue pas avec… sans risque de commettre parfois des dégâts collatéraux. Soyons-en bien conscients. La sensation est une chose, l’enseignement en est une autre et c’est de lui dont on a besoin. Son absence constitue le second problème que je sous-entendais.

SP : Après avoir accompagné de si nombreuses âmes dans leur difficile naissance de l’autre côté du miroir de la vie, appréhendez-vous votre propre mort ?

MJ : J’y ai justement consacré un dernier chapitre dans Ces âmes qui nous quittent, en posant la question suivante : ‘’Comment est-ce que j’envisage ma propre mort ?’’ C’est une question importante que j’ai soumise non seulement à moi-même mais à quelques personnes œuvrant dans le domaine et que j’apprécie. Je peux notamment mentionner le Dr. Jean-Charles Charbonnier, le Dr. Eric Dudoit, psycho-oncologue, la médium Laila Del Monte, le Dr. Guy Longchamp, le Dr. Marc Medvesek, Annabelle de Villedieu, également médium de renom, Johanne Razanamahay et d’autres non moins intéres-sants.
J’ai posé cette question car beaucoup trop de gens meurent dans la frayeur, la colère et l’appréhension face au passage obligé de la mort. Trop nombreux sont ceux qui se questionnent sur ce qui va leur arriver sans se douter que tout dépend d’eux.
En ce qui me concerne, j’y pense tous les jours. Ma mort, je la regarde, je l’apprivoise car je connais la nature de son Après. Je sais qu’elle est une certitude liée à ma condition charnelle humaine mais je sais aussi par mon vécu que la fin de cette condition ne signifiera pas pour autant la fin de mon être… Je suis consciente de qui je retrouverai sur l’autre versant de la vie et de quelles couleurs sera mon ‘’Paradis à moi’’… Je pressens donc ce que j’y ferai et qui j’y attendrai…

SP : Comment enfin définiriez-vous le but de votre livre ? Contient-il un maître mot ?

MJ : Son maître mot est COMPASSION, en lettres majuscules. N’est-ce pas le but ultime que nous devrions d’ailleurs tous viser…?
Oui, son but est de nous donner envie de manifester, par toutes les fibres de notre être, une infinie Compassion.

À propos de Marie Johanne Croteau-Meurois
Auteure, enseignante-thérapeute et passeuse d’âmes.

Bibliographie : Le Portail des Elfes traduit en 5 langues, Ces âmes qui nous quittent, aux Éditions Le Passe-Monde, déjà best-seller et en voie d’être traduit également en 5 langues .
Ces âmes qui nous quittent, best seller…. Déjà disponible en espagnol et italien bientôt, en fin janvier 2019 , en allemand, russe et anglais.
Le Grand Livre des Thérapies Esséniennes et Égyptiennes avec Daniel Meurois, également paru en Espagnol, Anglais et Italien.

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